La peur
A la deuxième bière , elle reprend un semblant de
couleur .Elle se met à raconter .Depuis la sauterie chez Mylène , depuis qu’elle a plongé dans « le lac » elle non
plus , « Il » ne la quitte plus .
Quand elle a décroché ce poste de remplaçante , elle pleurait , riait si fort au téléphone que j’ai dû abréger mon temps de pause pour échapper aux regards agacés de la chef.
Quand elle a décroché ce poste de remplaçante , elle pleurait , riait si fort au téléphone que j’ai dû abréger mon temps de pause pour échapper aux regards agacés de la chef.
Depuis cinq semaines
qu’ elle se rend au Conservatoire
en sautillant , chauffant sa voix entre deux arrêts de bus , elle n’arrive pas
à croire que les couleurs de la vie
puissent virer anthracite en quelques
secondes .
« Quand je
commence le cours , Il est là , se lamente- t - elle. Il s’insinue dans ma bouche dès les premières
notes. Les élèves commencent à me
regarder bizarrement . Il
m’arrive même de chanter dans un
registre plus grave que le mien , tout d’un coup … Mardi soir , dans la classe
vide j’ai nettement entendu les premières notes d’une mélodie .Comme un air remonté du passé , oublié
depuis l’enfance ..mais pas la mienne,je crois . Je les ai machinalement
retranscrites avant de me précipiter dans le couloir . La femme de ménage affirme
n’avoir rien entendu , elle a même ironisé : quand on a de la musique dans la tête tout le jour,
quelques notes de plus ou de moins, hein... ! »
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